Plateforme Herbinnov Centre Le vulpin à l’épreuve de l’agronomie dans le Loiret
La mission de la plateforme de désherbage Herbinnov Centre localisée au cœur de la petite Beauce ? Proposer des pratiques alternatives au tout chimique, adaptées aux cultures de la région, permettant de préserver la propreté des parcelles de manière responsable et durable. Chacun pourra s’inspirer des différents itinéraires techniques travaillés et y piocher selon ses problématiques, ses pratiques, la nature de ses sols. Allongement de la rotation, labour, décalage de la date de semis, désherbage mécanique, faux semis, herbicides, jusqu’au digital farming, de quoi faire le tour de la question.
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L'agriculteur du Loiret a réservé, sans hésiter, près de deux hectares de sa sole aux essais désherbage du programme Herbinnov Centre. « Avec ce dispositif, je contribue à trouver de nouvelles solutions de désherbage pour ne pas vivre une situation d’impasse, témoigne-t-il. Et bien sûr, partager avec tous, les résultats obtenus sur mon exploitation, est important pour améliorer nos techniques. »
Installé depuis trois ans sur la ferme familiale de 150 ha mixant rotation courte et rotation longue sur les parcelles irriguées, il poursuit cette démarche d’ouverture et de progrès technique amorcée par son père avec Bayer dans de précédents essais. À l’automne 2017, les premiers semis ont été réalisés sur une parcelle reprise à un agriculteur cinq ans plus tôt. Les vulpins de cette parcelle, à l’historique peu connu, ont montré une résistance aux herbicides de groupe A (pinoxaden, clodinafop…). L’efficacité des herbicides de la famille des ALS est à ce jour préservée néanmoins une dérive d’efficacité semble apparaître.
Évaluer l’impact de la rotation
La parcelle d’essais accueille pour cinq ans deux dispositifs : l’un classique avec une succession colza - blé - orge et l’autre centré sur l’introduction de cultures de printemps, au cycle végétatif court. Le choix s’est porté sur les lentilles, le maïs et la betterave. L’objectif étant de couvrir un maximum de cas de figures, la partie de l’essai dit « classique » a été scindée en deux pour éprouver l’efficacité du labour. « Tous les agriculteurs ne peuvent pas ajouter des cultures de printemps à leur assolement, soit pour des raisons économiques soit parce que les terres ne s’y prêtent pas », explique Jean-Louis Chevrier, ingénieur technique en charge de la plateforme.
Conforter la boîte à outils du meilleur désherbage
Depuis la mise en place de la plateforme, l’impact du labour, du décalage de la date de semis et d’un faux semis avant la culture d’hiver a été évalué. Un labour a été effectué à l’automne 2017 sur une partie de la parcelle en rotation « classique ». Les résultats, déjà concluants au printemps 2018 avec une réduction de 80 % du stock semenciers, sont encore remarquables : début janvier 2019, le comptage dans les blés révèle 12 vulpins au m2 pour la partie labourée, contre 90 vulpins au m2 dans celle qui n’a pas été retournée. Dans ce second cas, si rien n’est fait, une perte de rendement en blé proche de 25 % est enregistrée. « Le labour apporte des effets rapidement visibles, car en enfouissant en profondeur les graines, le stock de semences d'adventices qui peuvent lever est significativement réduit », indique Jean-Louis Chevrier. Le faux semis pratiqué en août 2018 sur l’ensemble des modalités n’a, quant à lui, pas pu prouver son efficacité en raison d’un temps trop sec.
D’où l’intérêt de pouvoir s’appuyer sur une gamme de leviers, et de les tester selon les problématiques et les conditions de l’année. « Nous allons, au printemps, passer la herse étrille dans les blés infestés au stade tallage et nous avons aussi un projet de travail mécanique dans le maïs », complète l’ingénieur. Quant aux cultures de printemps introduites en 2018 (lentilles, maïs, betteraves), elles ont fait leurs preuves avec peu de vulpins recensés dans leurs rangs. Non seulement le cycle biologique de l’adventice a été perturbé mais en plus, les molécules utilisées sur ces cultures appartiennent à d’autres familles chimiques que celles utilisées pour protéger les espèces semées à l'automne. En 2019, le maïs, la betterave et l’orge de printemps seront semés sur la parcelle en rotation longue.
positionner les herbicides de printemps
À l’automne 2018, une solution herbicide composée de diflufénicanil, flufénacet et aclonifène, dont l’homologation devrait arriver au printemps 2019, a été testée. L’expérimentation ne serait pas complète sans les programmes associant automne puis sortie hiver. « En sortie d’hiver, nous allons étaler les dates d’intervention avec les solutions de type Mésomaxx, pour ré-évaluer, lorsque les conditions météo sont favorables, le meilleur moment d’application », précise Magalie Devavry, ingénieure technique Bayer.
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